Taille du diamant
La taille du diamant comporte les étapes suivantes : l’étude préliminaire, le clivage ou le sciage, l’ébrutage, le facettage et le polissage.
Avant de commencer la taille proprement dite d’un diamant, le diamantaire doit tout d’abord étudier sa «vie intérieure», en reconnaître sa structure cristalline, en apprécier les inclusions. Cette étude est réalisée à la loupe et, pour les diamants de grande valeur, dure plusieurs semaines (celle du Cullinan dura plus d’un an). Si la surface d’un diamant brut est mate, il est nécessaire d’y «ouvrir une fenêtre» au moins (polir une minuscule facette sur un angle) afin de pouvoir examiner ses inclusions.
Une fois décidé s’il faut s’efforcer de conserver la plus grosse pierre possible ou s’il est préférable de fragmenter la pierre en plusieurs morceaux, les emplacements des clivages ou des sciages projetés y sont dessinés à l’encre de Chine.
Autrefois, les diamants importants étaient fragmentés par clivage, à l’aide d’un « couteau » (lame frappée d’un coup sec), les faces de clivage sont exclusivement celles de l’octaèdre. Le plus gros diamant jamais découvert au monde, le Cullinan, gros comme le poing, fut clivé à Amsterdam en 1908 par la Société Asscher, en trois morceaux, ultérieurement fragmentés ; il fut finalement brillanté en 9 grosses pierres et 96 plus petites.
Bien que la technique de clivage soit courante, elle provoque cependant toujours des déchets de brut, par l’apparition de givres internes et de glaces ouvertes non prévues. Aussi le sciage du diamant s’est-il peu à peu imposé depuis le début du xx siècle.
L’avantage particulier de scier un diamant est le meilleur rendement pondéral obtenu du cristal brut. Par exemple, les octaèdres bien formés, sciés dans leur plan médian ou légèrement au-dessus, donnent des volumes bien adaptés à des tailles brillants : les surfaces de sciage en sont les futures tables.
La scie est un disque de cuivre, bronze ou autre alliage, de l’épaisseur d’une feuille de papier, d’environ 10 cm de diamètre, chargé d’égrisée (poudre de diamant) ; elle se meut à 4500-6000 tours par minute. Le diamant brut est maintenu par une sorte de pince. Le sciage est assez long : pour un diamant d’un carat (diamètre de 6 à 7 mm), il faut compter de 5 à 8 heures. Depuis peu, les diamants sont aussi sciés au laser, ce qui présente l’avantage de se libérer de toute contrainte liée aux directions cristallines.
L’étape suivante, l’arrondissage ou ébrutage, ébauche la future forme du diamant, avec couronne et culasse. À cet effet, la pierre à arrondir est sertie sur un axe en rotation et ainsi frottée par un autre diamant fixé sur un « bâton » manœuvré manuellement, de façon à en arrondir les angles et lui donner la forme en double cône du brillant. Les diamants destinés à être taillés dans une forme autre que ronde sont ébauchés sur une meule endiamantée.
Scier ou tailler un diamant n’est possible qu’avec du diamant, car la résistance à l’usure du diamant varie selon ses directions cristallographiques, et donc selon ses diverses faces cristallines.
Un examen minutieux est nécessaire pour tailler ultérieurement le diamant en utilisant l’anisotropie de dureté. L’égrisée, qui comporte toujours, statistiquement parlant, des particules de diamant orientées selon leur plus grande dureté, peut ainsi user les surfaces les moins dures d’un cristal de diamant. Rayer et tailler (user) une substance avec un matériau de même dureté est pratiquement impossible (ainsi les faces octaédriques du diamant ne peuvent-elles pas être polies).
La taille du diamant nécessite une grande expérience : les facettes d’un diamant fixé dans un dop (mécanique ou à soudure) sont taillées sur une meule d’acier horizontale d’environ 30 cm de diamètre, chargée d’égrisée et d’huile, mue à 2000-3000 tours par minute.
Le positionnement des facettes et leur inclinaison mutuelle sont effectuées uniquement à l’œil nu et à la loupe, sans autre instrument, par un diamantaire expérimenté (il contrôle néanmoins certains angles, comme entre bezel et pavillon, avec un goniomètre à main). Il existe, en particulier pour les petites pierres, des aides mécaniques pour le placement des facettes ; il ne faut pas s’attendre à voir réaliser une taille brillant par une machine totalement automatique.
La perte de matière est importante lors de la taille : elle se situe aux alentours de 50-60% (elle hit de 65,25 % pour le Cullinan). La poudre de diamant ôtée lors de la taille reste en partie prisonnière de la meule et contribuera à une autre opération de taille.
Une même meule comporte une zone de facettage et une zone de polissage où la poudre de diamant est encore « neuve » (isométrique et très fine).